Mieux comprendre les fragilités des Outre-Mer

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Des chercheurs se sont penchés sur les fragilités des Outre-Mer afin de mieux comprendre d’où ces territoires tirent leur vulnérabilité. Ce sont 7 territoires ultramarins sur 11 qui ont été passés à la loupe : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et La Réunion. Ils ont étudié les points de rapprochement qui pouvaient exister et pointent le doigt vers ce qu’il nomme le « tissu productif ». De quoi parlent-ils ? comment le cerner ? et sur quoi s’appuyer pour s’en défaire ? Voici les éléments qui peuvent nous intéresser. 

Des défis géographiques et démographiques à relever

Le rapport propose une comparaison inédite entre les territoires ultramarins et métropolitains, basée sur leurs caractéristiques géographiques, démographiques et économiques. Ainsi les 7 territoires étudiés ont donc été réparties selon des ensembles homogènes de départements comparables aux territoires ultramarins :

  • Guadeloupe et Martinique font partie des « Déclinants » (30 départements)
  • La Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie, appartiennent aux « Intermédiaires » (43 départements)
  • La Guyane et Mayotte constituent à eux 2 un groupe à part entière, les "Émergents", tant leurs caractéristiques sont incomparables avec les autres départements français. 

Aucun des territoires ultramarins n’appartient aux 2 groupes restants : « Paris et sa couronne » (3 départements) et les « Attractifs » (18 départements). 

Cette comparaison dans les groupes effectués permet d’identifier un certain nombre de spécificités communes exigeant des encadrements adaptés et va à l’encontre des idées reçues concernant l’éloignement, l’insularité etc… En effet, le rapport révèle que l’éloignement est une contrainte partagée avec d’autres territoires hexagonaux moins développés, que l’exiguïté réelle des territoires ultramarins ne constitue pas une contrainte insurmontable, que les dynamiques démographiques opposées, l’émigration et la fuite des talents sont moins élevées en Outre-mer que dans les territoires comparables de l’hexagone.

Une inégale qualification de la population

Au-delà des défis partagés avec d’autres territoires métropolitains, ce que le rapport identifie comme une fragilité propre à l’Outre-Mer est le manque de diplômés de l’enseignement supérieur. Ce déficit de formation des natifs est important et ce, quel que soit le niveau des diplômes. La proportion est très élevée de personnes nées dans les Outre-mer et n’ayant aucun diplôme : 39 % pour la Martinique et 38 % pour la Guadeloupe (contre 31 % pour les départements Déclinants) et 47 % pour La Réunion (contre 29 % pour les départements Intermédiaires). La Réunion, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont ainsi les 4 départements français avec le plus de natifs sans diplôme parmi les plus de 15 ans hors étudiants.

Il s’agit d’un handicap majeur pour les Outre-Mer : une carence en diplômés du Supérieur entraine un nombre moins important d’emplois hautement qualifies à hauts revenus, ces derniers étant susceptibles d’être consommés dans des activités de services souvent exercées par des personnes moins qualifiées. Ce cercle vicieux explique une partie du surplus de chômage généralisé́ dans les territoires ultramarins.

Une surveillance des entreprises plus nécessaire qu’ailleurs 

Les experts indiquent que le secteur informel pourrait représenter entre 23% et 26,5% de l’économie en termes d’emplois pour la Guadeloupe, entre 19% et 20% pour la Martinique et entre 12,5% et 16,5% pour La Réunion

Les comptes des entreprises ultramarines présentent structurellement plus d’anomalies qu’en France métropolitaine : 

  • Les inexactitudes et irrégularités répertoriées dans les comptes des entreprises auditées en 2019 atteignent 6,0 % en Guadeloupe et 8,1 % en Martinique (contre 5,6 % chez les Déclinants), ainsi que 11,6 % à La Réunion (contre 7,3 % pour les Intermédiaires).
  • Des révélations au Procureur de la République présentant des fraudes susceptibles de recevoir une qualification pénale sont faites dans 0,7 % des cas en 2019 pour la Guadeloupe et 0,8 % pour la Martinique (contre 0,3 % pour les Déclinants) alors que la Nouvelle Calédonie affiche un taux nettement supérieur de 1 %. 
  • Les impossibilités de certifier les comptes en 2019 ont représenté́ dans les territoires ultramarins 4 % en France, quand les audits réalisés dans les territoires ultramarins ne représentent que 2 % du total des audits français.