Pourquoi le vieillissement de la population d’Outre-Mer est problématique ?

Vieillissement population

En 2050, la Martinique sera le département le plus vieux de France alors qu’il n’était qu’à la 74ème place en 2012. Et la Martinique n’est pas un cas isolé : la population d’Outre-Mer subit un vieillissement accéléré qui inquiète de plus en plus. Deux élus locaux ont d’ailleurs soumis un rapport tirant la sonnette d’alarme sur ce phénomène inquiétant. Alors pourquoi un tel vieillissement ? quels en sont les enjeux ? que faudrait-il mettre en place ? 
 

Pourquoi l’Outre-Mer vieillit

Certains des facteurs de vieillissement de la population d’Outre-Mer sont communs à ceux de métropole et d’autres sont spécifiques à la situation socio-économique unique de l’Outre-Mer.

La transition démographique qui voit le nombre d’enfants par femmes, baisser suit le même schéma qu’en métropole mais de façon accélérée. Nos îles ne sont plus des réservoirs à enfants comme on pouvait se les imaginer il y a seulement quelques années. Pour exemple, en Martinique on ne compte plus que 1,73 enfant par femme en 2019 contre 1,91 en 2016. En Guadeloupe, cette chute de la fécondité est encore plus marquée avec 1,74 enfant par femme en 2019 contre 2,12 en 2016. On fait donc aujourd’hui moins d’enfants en Outre-Mer qu’en France métropolitaine (1,87 enfant par femme).  

En seulement 50 ans, la pyramide des âges a été totalement transformée. En 1990 les plus de 65 ans représentaient 7,1% des ultra-marins, en 2019 ils sont 13,7% de la population d’Outre-Mer. Cette évolution est incroyablement rapide comparée à la Métropole (13,9% en 1990 et 20,7% en 2019). Et les projections pour 2030 sont encore plus alarmantes, indiquant que l’écart devrait encore se creuser.  

Cette surreprésentation des personnes âgées de 60 ans et plus s’explique aussi par la venue de personnes retraitées, recherchant le climat et le cadre de vie qu’offre les îles. 

Il faut aussi noter un véritable exode des jeunes actifs, en particulier les plus aisés, vers l’Europe, l’Asie et les États-Unis. Si ces jeunes partent d’abord pour faire leurs études, la situation économique des îles n’est pas assez attractive pour les faire rentrer… avant la retraite, qu’il passe en revanche généralement sur leur île native. Ce retour au pays à l’âge de la retraite entretient ainsi le vieillissement de la population d’Outre-Mer.

 

L’exception Guyane et Mayotte

Seules Mayotte et la Guyane échappent à ce phénomène. On relève en effet 3,6 enfants par femme en Guyane et 5 enfants par femme à Mayotte. La Guyane tout comme Mayotte avec sa natalité la plus importante de France et son importante immigration, peuvent donc encore compter sur une population jeune et font, à ce titre, figure d’exceptions. 
 

Les enjeux du vieillissement 

Ce qu’il faut craindre à voir la population de nos îles vieillir tient en deux spécificités locales. D’abord les rapports disent que les ultra-marins âgés de 65 ans et plus sont en moins bonne santé, moins fortunés et plus fragiles socialement qu’en métropole. Ils deviennent donc dépendants plus vite. La part de seniors en perte d’autonomie est plus élevée dans les départements et collectivités d’outre-mer qu’en moyenne nationale.

Plusieurs problèmes de santé sont amplifiés dans les territoires d’Outre-Mer : la surcharge pondérale, le diabète, les problèmes cardiovasculaires et la mauvaise santé bucco-dentaire. Et parallèlement les infrastructures de santé par population sont moins nombreuses, de moins bonne qualité, manquent de personnels… Les députés alertent dans leur rapport sur le parc d’EHPAD déficient et vieillissant, avec une offre 2 à 3 fois inférieure à ce qu’elle est au niveau national.

Toutes ces difficultés viennent compliquer le vieillissement des habitants et limitent l’espérance de vie.

 

Les actions à mettre en place

Ce que préconisent les députés est une série d’actions rapides et de grande ampleur pour endiguer le vieillissement de la population. 

Ce qui paraît primordial est d’engager une grande campagne de prévention afin d’alerter sur l’importance de l’hygiène de vie

Il faut développer les infrastructures afin que leur nombre soit adapté à la population concernée et que le niveau des soins soient identiques à celui de la métropole.

Il faut s’appuyer sur les nouvelles technologies comme la télémédecine afin de permettre la surveillance du patient à domicile.  

Rendre attractifs les métiers d’aide à la personne est aussi une piste importante soulevée. 

Enfin apporter un soutien fiscal et financier aux aidants paraît être un pas important dans la prise en charge du vieillissement des populations d’Outre-Mer.